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Il faut un Forest New Deal mondial !

 

La pandémie mondiale de Covid19, avec l’énormité de la crise sanitaire, économique, sociale, culturelle qu’elle a engendrée pour les sociétés humaines, révèle cruellement les conséquences dramatiques de la dégradation de la biodiversité. Du point de vue du botaniste, du spécialiste des forêts notamment tropicales, comment cela se manifeste-t-il ? Quelle relation entre santé humaine et biodiversité ?

 

La biodiversité, tout simplement nous permet de rester en vie. Retirez de notre alimentation quotidienne tout ce qui provient de la diversité biologique ; savez-vous ce qu’il nous resterait, comme nourriture et comme boisson ? De l’eau salée, rien de plus !

 

Notre attachement à la biodiversité a aussi une raison philosophique : c’est que nous en faisons partie ; l’espèce humaine est le produit de l’évolution biologique, au même titre que n’importe quelle autre espèce vivante.

 

Quelle place les forêts devraient-elles alors occuper dans ces enjeux liés à la diversité biologique ?

 

Enorme. Car on peut se placer dans n’importe quel territoire tempéré, tropical ou à très haute latitude, quel que soit le territoire, si l’on a une forêt ce sera le maximum de diversité biologique. Tous les autres types de végétations sont moins riches. Et on peut préciser que cette richesse en espèces, liée à la forêt, c’est à la fois aérien et souterrain. Aucun autre milieu n’atteint cette richesse.

 

On sort d’une Cop 25 particulièrement décevante. Est ce que tu considères que la forêt a aujourd’hui sa juste place dans la problématique mondiale ?

 

Mais non ! La forêt n’a pas beaucoup de place là dedans ; on en parle peu. Il n’y a pas de COP consacrée à la forêt ; et pourtant si on se soucie de biodiversité il faudrait mettre la forêt au tout premier plan.

 

Alors si tu avais à esquisser des actions possibles, un Plan Mondial pour la forêt, qu’est-ce que tu y mettrais comme axes de réflexion et d’actions ?

 

Je parlerais, au stade de gravité où nous en sommes, de la nécessité d’un véritable New Deal mondial pour la forêt. Et je le verrai sur deux plans essentiels :

 

  • d’abord sortir toutes les questions concernant la forêt de la compétence de la FAO qui en a une vision beaucoup trop étroitement gestionnaire, quasi industrielle et pas du tout à la hauteur de question. Il faut créer une nouvelle Agence Mondiale pour la Forêt, relevant elle aussi de l’ONU, et qui traite cet écosystème pour ce qu’il est, dans toute sa spécificité ; laissons la FAO gérer ce qui relève des plantations d’arbres, ce qui est une autre affaire, respectable certes, mais en aucun cas celle de la forêt.

  • Ensuite définir (Etats Généraux mondiaux, Cop, etc. on a de multiples moyens techniques et humains pour ça) les grandes priorités d’une politique mondiale partagée de la forêt, sous tous ses aspects, et mettre alors en place la structure adéquate pour l’animer dans les conditions d’aujourd’hui.

Il serait temps, non ? Car la forêt brûle au sens propre ?

 

Oui, une des priorités devrait être la protection contre les feux. C’est facile à dire, mais c’est tellement simple d’allumer un feu. N’importe quel idiot, criminel ou pas, peut le faire. J’ai des contacts en Australie, c’est l’horreur absolue ; ce ne sont pas des gros feux, c’est des méga-feux, un cran au dessus. On ne peut rien faire contre les méga-feux, ça fait une colonne de flamme qui s’étrangle et il y a une boule qui part et qui va tomber 10 kms plus loin. Donc, quels que soient les moyens en hommes et matériels qu’on met, on ne peut rien faire. Les Australiens sont très mal partis. Je suis très inquiet pour ce pays là. Je me demande si ça ne préfigure pas des événements à l’échelle mondiale, si nous ne parvenons pas à limiter l’élévation des températures.

 

Une connaissance trop rudimentaire

 

Au-delà de ces nouveaux moyens, des enjeux sécuritaires et de protection énormes pour ces forêts existantes, que faudrait-il faire à ton avis ?

 

Je crois que notre connaissance des forêts est encore trop rudimentaire ; même les forêts d’Europe, les forêts des régions tempérées, on les connaît mal ; il faudrait un effort de recherche.

 

Plus généralement est-ce qu’il ne faudrait pas repartir de l’arbre lui-même ? Est ce que la forêt ne nous cache pas l’arbre ?…

 

Si, tu as raison, tout ça démarre au niveau de l’arbre. C’est lui qui ne fait pas l’objet de suffisamment de recherches. Je ne dis pas ça parce que je fais des recherches sur l’arbre. Je ne prêche pas pour ma paroisse…mais nous ne sommes pas assez nombreux à nous intéresser à la biologie de l’arbre.

 

Pourtant on a l’impression que l’arbre quand-même depuis le temps qu’on en parle, la science, les auteurs, conteurs…

 

Ca ne fait pas si longtemps. Lorsque j’étais jeune chercheur il n’était pas question de s’occuper des arbres. Il y avait une raison simple à ça, c’est que la recherche sur les arbres c’était Les Eaux et Forêts. Donc l’université était priée de s’en aller, de se désintéresser de ça. Ça ne fait pas longtemps que ça a changé ; alors on dit « il y a quand même une avalanche de bouquins », c’est vrai, mais ça date du moment où la recherche s’est faite en dehors des Eaux et Forêts. Parce que leur recherche à eux, même s’ils s’en défendaient c’était toujours dans le but  de produire le maximum de bois dans le minimum de temps.

 

Dans le cadre de cette réflexion mondiale qui repartirait de l’arbre et des rapports variés que les hommes entretiennent avec lui, quel intérêt  y-a-t-il à faire « renaître »  une forêt primaire en Europe de l’Ouest, comme c’est notre projet ?

 

Nous pensons que nos forêts sont belles, mais si elles étaient remplacées par des forêts primaires on verrait alors ce que c’est qu’une forêt véritablement belle. C’est infiniment plus beau que tout ce qu’on a, même Tronçais. Même ce qu’on considère comme le top en matière de forêt c’est très peu de chose, au plan esthétique, par rapport à la forêt primaire.

 

Et au-delà de sa beauté, de sa dimension ?

 

Pour moi c’est fondamentalement philosophique. Est-ce que nous sommes capables de cohabiter avec la forêt primaire ? Jusqu’à présent, en Europe de l’Ouest, nous ne nous en sommes pas révélés capables parce que nous n’avions pas compris la valeur de la forêt primaire, nous avions seulement compris que l’on pouvait en tirer beaucoup d’argent. J’ai très souvent pensé que notre projet était un test de la qualité de l’être humain.

 

C’est-à-dire…

 

Si on arrive à faire cette forêt primaire (sur la très grande durée, sur de grandes dimensions) alors ça voudra dire qu’on a de la suite dans les idées, le sens de la transmission de générations en générations et le respect aussi de ce qui a déjà été fait. Si on n’est pas capables de le faire c’est qu’on est mauvais, voilà.

 

Est-ce un des enjeux de la lutte contre le changement climatique ?

 

Oui bien évidemment, mais là même 70 000 hectares ça ne suffira pas. Ca va tout à fait dans le bons sens mais c’est un peu une goutte d’eau. Oui, lutter contre le changement climatique c’est stocker du carbone et émettre de l’oxygène et c’est ce que fait très bien une forêt. Le relâchement de l’oxygène c’est un peu discutable parce que quand elle vieillit elle en relâche moins, mais le stockage du carbone alors là c’est vraiment fonction de la durée de vie de cette forêt. Que ce soit lié au changement climatique c’est vrai mais ce n’est pas la même échelle.

 

L’important ici avec cette forêt c’est de faire renaître cette biodiversité dont on a tant besoin.

 

Pourquoi alors une aussi grande dimension et un aussi long terme ?

 

Les grandes dimensions sont liées à la présence de la grande faune, une forêt primaire comportant équitablement des arbres et des animaux. Quant à la longue durée, ce n’est pas un choix, c’est le temps nécessaire au retour de la forêt primaire aux latitudes tempérées, et personne n’est capable d’accélérer ce processus de renaissance.

 

Ils nous permettent de vivre

 

Reconstruire de la nature ? Voilà une question qui fait débat…

 

Terrasson, grand naturaliste français, disait : « Vous aimez la nature ? Eh bien foutez-lui la paix ! »

 

Régis Debray, lui, qui préfère le mot milieu à celui d’environnement et qui est bien conscient des enjeux climatiques critique toutefois ce qu’il appelle une « idolâtrie de la nature », disant : « l’homme c’est la civilisation, la nature c’est la loi du plus fort (…) » ou bien encore « on n’avait pas pensé qu’un jour il faudrait s’incliner devant les arbres (…) ».

 

Il y a un moment où il faut changer d’habitudes.

 

Ce n’est pas une « idolâtrie ». Ce terme est mauvais. C’est comme « nature sous cloche » ou « sanctuarisation » ; il y a des termes qui m’énervent. S’incliner devant les arbres, je le fais volontiers car sans les arbres on ne serait pas là. C’est eux qui nous permettent de vivre, ce ne sont pas les petites plantes, ce sont les arbres. Alors moi, je veux bien m’incliner devant les arbres. Oh, je ne vais pas les entourer, les embrasser, mais je sais qu’ils garantissent la qualité du milieu, pour reprendre son terme, et qu’ils sont indispensables à notre survie.

 

La nature sans l’homme c’est concevable ?

 

Mais bien entendu ! L’homme il a 300 000 ans. Qu’est-ce qu’il y avait avant ? 380 millions d’années, pour les forêts, où la nature a parfaitement vécu sans nous. Peut-être cette nature-là ne serait-elle pas tout à fait complète s’il n’y avait pas cette espèce que nous représentons toi et moi ; il manquera ça mais c’est parfaitement envisageable une nature sans hommes. Moi j’ai la chance d’avoir vu ça dans plusieurs pays tropicaux.

 

Ces forêts connaissent tout de même une présence humaine ?

 

Oui, c’est vrai que des gens vivent dans la forêt mais on ne peut pas dire que la forêt ait besoin d’eux. Je ne leur en veux pas du tout ; ils ne font pas de tort, ils sont à une densité extrêmement faible et ils n’ont jamais eu d’ambition industrielle et commerciale. C’est juste leur propre survie qui les intéresse ; ça, ça ne détruit pas la forêt.

 

Au fond la nature se passe très bien de nous. Il suffit d’avoir un peu le sens du long terme. L’homme arrive en tout dernier, ça fait très peu de temps qu’il est là et il a détruit la moitié des forêts de la planète. Ce n’est évidemment pas durable ce comportement humain.

 

Si tu avais un vœu à formuler en cette année 2020 si dramatiquement engagée ?

 

Facile. Mon vœu ça serait que nos dirigeants, au-delà de raisons électorales, soient profondément convaincus de la véracité de cette écologie globale. Pour de simples raisons de survie que l’actualité vient de rendre malheureusement plus évidentes. Mais ils n’en sont pas là.

 

Quand tu dis survie : si les forêts disparaissent, on meurt ?

 

Oui, sans aucun doute. Par manque d’oxygène et par manque de fixation du carbone. On meurt, sans aucun doute. On n’aura plus le gaz qui nous est nécessaire et on sera envahi par un gaz qui n’est pas toxique mais qui ne nous sert pas à respirer.

 

Investissons dans les écoles

 

Il ne suffit pas d’énoncer une vérité pour que les gens l’entendent. Comment convaincre sur le rôle des forêts ?

 

Investissons dans les petits, dans les écoles,  les petites écoles. Parce que c’est là que ça se passe ; la réponse à cette question ce sont des réflexes acquis dans l’enfance. Le respect des forêts c’est à cet âge-là qu’on l’acquiert. Le respect de la nature en général.

 

Par la visite ?

 

Oui, les petits, ils vont prendre ça en admiration, en amour. Eh bien voilà, c’est gagné. J’ai l’impression qu’on en fait de moins en moins dans les petites classes ; des enseignants m’ont dit ça. Il y a quelques années on mettait encore des plantes, des animaux, aujourd’hui c’est tombé à l’eau. Tout ce qu’ils peuvent supprimer de nos jours ça leur fait des économies…C’est ridicule. Pour la sensibilité écologique, la solution c’est l’enseignement aux tout petits.

 

S’il fallait mettre beaucoup d’argent sur cette question des forêts dans le monde. Si tu avais les moyens que tu veux, qu’est-ce que tu ferais ?

 

Je mettrais les deux tiers sur l’enseignement des petits, des enfants, et le tiers restant dans la recherche.

 

Aujourd’hui autour de la forêt il y a beaucoup de discours, mais aussi d’initiatives qui se développent : réserves en libre évolution, actions de plantations, etc. Comment notre projet de renaissance d’une grande forêt primaire s’articule-t-il avec toutes ces initiatives ?

 

Tant qu’on confondra une plantation d’arbres avec une forêt on sera mal partis. La forêt c’est très résilient mais ça rapporte peu aux industriels, tandis que les plantations d’arbres c’est beaucoup plus juteux sur le plan financier. Donc la confusion rend service aux industriels du bois. La plantation manque terriblement de résilience, elle est sensible aux parasites, aux feux et aux vents forts. Ce qui me frappe surtout c’est cette sensibilité au feu. Les méga feux c’est dans les plantations, pas dans les forêts.

 

Donc la grande différence…

 

La plus grande différence avec la forêt c’est la biodiversité.

 

Bien sûr, planter c’est mieux que détruire. Et tout un mouvement existe,  je ne le discute pas. Nous voulons ensemble améliorer les choses. Particulièrement tout ce qui favorise la libre évolution est très positif.

 

Mais quand on plante, surtout avec l’objectif de valorisation derrière, on ne fait pas une forêt mais une plantation d’arbres. Sur notre planète c’est typique, il y a de moins en moins de forêts et de plus en plus de plantations. Il faut donc refuser ceux qui nous disent que c’est la même chose.

 

Alors on laisse faire et… on attend ?

 

Oui, nous, nous laissons la nature, les forêts se reconstituer elles-mêmes, et notre projet c’est ça en très grand dès le départ et pour le très long terme. Je n’ai rien contre les plantations ; on a besoin de bois et on n’est pas près de se  passer du bois, il faut donc planter des arbres dans ce but,  ça ne me choque pas. Mais qu’on appelle « forêt » ces « plantations d’arbres » ça me semble un contresens très, très dangereux.

 

Si on plante, les arbres auront tous le même âge. Dans les plantations l’exploitation a lieu avant même qu’ils soient adultes ; s’ils ont le bon diamètre pour les scier on les coupe et on replante la même espèce. Sous une seule espèce il y a très peu de biodiversité. Avec les techniques actuelles on ramasse tout,  il n’y a jamais de bois mort. Ensuite, quand on a ramassé on replante les mêmes espèces. Tu fais ça 4/5 fois et le sol n’en peut plus.

 

En libre évolution c’est très différent ; les différentes espèces d’arbres n’ont pas les mêmes prélèvements sur le sol, donc ça s’équilibre; on laisse pourrir au sol les arbres et ça c’est la source de la biodiversité. Des arbres qui meurent sur pied et qui se décomposent au sol on en a besoin.

 

Tout ça est très long sans doute, mais le temps long, nécessaire à la nature, est quelque chose que nous devons réapprendre. On a plus vite détruit que bâti. Les arbres, justement, en savent quelque chose grâce à nous, ou plutôt à cause de nous…

 

(Propos recueillis par Eric Fabre)

Mai 2020

Tant que l’arbre, n’aura pas de statut juridique il ne sera pas protégé.

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