Du 11 au 14 juin, les géants de l’agrobusiness se rencontraient à Vancouver dans le cadre du Consumers Goods Forum.
Leur réunion intervenant 10 ans après leur engagement à découpler la production de denrées alimentaires de la déforestation.
Il s’agit d’un enjeu crucial car la population mondiale devrait s’accroître de 2 milliards de personnes (+30%) d’ici à 2050. Le récent rapport de l’IPBES, le “GIEC de la biodiversité” pointait récemment que la déforestation sera responsable de la disparition d’un million d’espèces au cours des prochaines décennies, sans même parler du déplacement de populations autochtones.
Plus de 50 millions d’hectares de forêts ont disparu de la surface de la Planète depuis 2010. Cela correspond à la superficie de l’Espagne… Or, 80 % de la déforestation s’expliquent par la production de denrées alimentaires. On ne peut donc pas conclure à un franc succès de l’engagement pris cette année-là par l’agrobusiness pour une déforestation nette zéro d’ici à 2020.
L’UE doit s’attaquer vigoureusement à ce phénomène car les initiatives volontaires et l’autorégulation ne fonctionnent manifestement pas. Cela pourrait se faire par l’inscription de dispositions environnementales et sociales contraignantes et en phase avec l’Accord de Paris, les Objectifs de Développement Durable et les messages du rapport de l’IPBES dans les accords de libre-échange négociés avec nos partenaires sous peine de suspension immédiate.
A l’heure où l’UE envisage toujours un renforcement des relations commerciales avec les pays du Mercosur (dont le Brésil d’un Bolsonaro qui méprise ouvertement les droits des indigènes et le rôle de poumon vert de la Planète joué par la forêt amazonienne), une telle évolution serait particulièrement bienvenue. Une autre piste envisageable consisterait à affiner la mise en œuvre de la directive sur les informations non financières que doivent communiquer les grandes entreprises, dans les domaines de la diversité mais aussi des conditions sociales et environnementales de leurs productions. Dans la foulée des lignes directrices publiées par la Commission européenne pour préciser certaines dispositions, on pourrait ainsi concevoir des dispositions spécifiques pour le secteur agro-alimentaire et que les multinationales soient tenues de garantir que leurs sous-traitants opèrent dans des conditions durables. Enfin, plus aucun fonds européen ne devrait bénéficier aux entreprises qui se rendent coupables de la déforestation.
Source et suite de l’article: Pour une alimentation durable pour toutes et tous, au-delà du greenwashing – Environnement – LeVif
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